“Pur produit” du public et aujourd’hui enseignant fonctionnaire de l’Education nationale, je n’aurais jamais pensé mettre mon enfant dans le privé – et encore moins “chez Steiner” ! De fait, je ne l’ai pas mis “chez Steiner”, mais dans une école dont j’ai pu préalablement et empiriquement observer les méthodes pédagogiques – et dont, tous les jours que je vais y chercher un ou des enfants, je peux voir les effets sur leur dynamisme créatif et leur épanouissement.
Et que chercher de plus dans l’éducation que l’envie d’apprendre dans le bien être d’être ensemble ? Pour ma part, c’est la principale chose qui compte – cela pourrait peut-être aussi s’appeler l’accomplissement de soi dans la joie.
Un de mes doutes, avant d’y inscrire mon enfant, était la place que pouvait tenir à l’école la religion et la “philosophie” Steiner. Sur ce point, j’ai été rassuré dès mes premiers échanges avec les différents professionnels de l’école que j’ai rencontrés. Et, de fait, je n’ai pas constaté d’interférence sur ce point dans les enseignements.
Je pensais au départ ne mettre mon enfant qu’au jardin d’enfant les deux ans de maternelle qui lui restaient, pour lui faire rejoindre le primaire quand les apprentissages “importants” et “structurés” commenceraient. Mais plus le temps a passé, plus je me suis dit que tant que les Tournesols resteraient ce qu’ils sont, non seulement mon enfant y avait sa place, mais que je tenais à ce qu’il puisse y rester. C’est un vrai bonheur d’entendre tous les jours le même “C’était super!” en réponse à la question rituelle “C’était comment l’école, aujourd’hui ?”. Un bonheur teinté d’une vraie tristesse, par contraste avec l’univers de l’Education nationale que je côtoie au quotidien, qui broie inlassablement sous mes yeux – et peut-être avec mon concours ? – tant d’élèves devenus ou trop ternes ou trop violents. Je ne connais pas le détail de la pédagogie Waldorf – je n’y vois, au jour le jour, que des approches et des pratiques élémentaires de transmission et d’échange par l’intérêt sincère pour l’autre – et j’avoue que je ne cherche pas en savoir plus sur l’anthroposophie de Steiner dont le peu que j’en sais ne m’attire pas du tout. Je crois ce que je vois, et ce que je vois me rassure sur l’aptitude de l’école des Tournesols à contribuer, avec les familles qui la font vivre, à faire des êtres heureux et valeureux — des enfants qui réfléchissent bien, sont bien dans leur corps, réalisent avec dextérité, et ont toujours des idées nouvelles.